Le Chef Ashigur nous avait averti en ces mots "Apportez-moi la tête de
la pondeuse infernale et vous aurez mon soutien". Bien, nous voici
donc, fourbis de nos armes, Frere Halloud et ses poings serrés, Jeay
Lafoi et sa Divine Foi, et moi-même, armée de mon cimeterre aux moult
gemmes. Prêts. Nous étions prêts.
Nous avons donc filé droit devant, en pleine forêt, là où la vision des
feuilles vertes emplie notre champ visuel, là où pousse des arbres
millénaires, là, où se cachaient il y a peu de minuscules termites dans
leurs trous. Mais maintenant... maintenant rôdait ... Menelas ... euh non
pas lui, quoique, lui aussi il rôdait, mais c'est pas pareil ... je
reprends mon récit ... là où rôdaient, maintenant, de gigantesques
insectes prêts à vous étriper, à vous sortir les boyaux du corps et à
s'en repaître, à vous trancher en fines rondelles, à vous éparpiller
aux quatre vents, lambeaux de chair et de viande, esquilles d'os et de
matière grise, ...
Que nenni, courageux que nous sommes nous avons filé, ventre à terre,
dans l'antre de la Bête, la Bête à cornes, la Bête pondeuse, la Bête à
trucider séance tenante. Et enfin, oui enfin, mes amis, après avoir
découpé, tailladé, lacéré, démembré, ses rejetons, nous fûmes
enfin, devant l'Abomination. Non pas gigantesque, mais titanesque.
Alors nous fondîmes sur elle, comme la mouche sur ... sur le macchabée,
et nous avons frappé, assomé, renversé, roulé dans la boue, cette
créature puante, putride création d'on ne sait quel sorcier déjanté et
dérangé de la cervelle.
Voilà, sa tête monumentale trône sur une pique aux cotés de celle du
chef Gobelin. Peut-être dans leurs rêves de morts songent-ils encore à
faire peur à la population, mais je gage qu'ils échouent, pitoyables ils
sont maintenant réduits à une infâme bouillie de chairs sanguinolentes...